Quand apprentissage rime avec sauvetage !

Quand apprentissage rime avec sauvetage !
Article paru dans la revue RH&M de juillet 2020.

« Le changement est la seule constante, disait Héraclite. Le temps lui aura donné raison. Ce qu’il n’avait peut-être pas anticipé, en revanche, c’est la vitesse à laquelle les changements s’enchaînent et se multiplient. »

Annie Brouillard, Responsable Grands Comptes et Psychologue du Travail au sein de Pearson TalentLens, nous livre son avis d’expert et nous confie que les aptitudes intellectuelles d’un candidat est un critère tout aussi important que la personnalité.

« Sans même aborder cette pandémie qui nous a tous pris par surprise, la cadence infatigable, les réorganisations successives, les nouvelles technologies désuètes en moins de temps qu’il ne faut pour s’y familiariser et l’information fourmillante (info ou intox ?) ne sont que quelques exemples de paramètres déjà devenus banals. »


LES CHANGEMENTS AUXQUELS IL FAUT FAIRE FACE

« Ce rythme infernal sollicite notre intellect à tous les niveaux : compréhension, discernement, capacité d’abstraction, d’apprentissage, d’adaptation. L’aptitude à analyser et à comprendre finement l’environnement nous permet de nous adapter…

À l’inverse, l’incapacité à s’adapter est souvent synonyme de frustration, d’une perte de vitesse et de rentabilité, ainsi que de concurrents qui ne se privent pas de nous devancer.

Les changements auxquels il est nécessaire de faire face sont de multiples natures. Qu’il s’agisse des technologies, du changement de composition de la main-d’oeuvre, de variation dans les marchés boursiers ou d’une concurrence qui est rapidement passée d’une échelle régionale à mondiale, l’entreprise ne peut plus se contenter de réagir.

Elle doit être elle-même actrice de son propre changement. Le risque de ne pas endosser cet état d’esprit est, encore une fois, de se retrouver constamment à imiter ses concurrents plutôt que l’être leader sur son marché. »

RECRUTER DES CANDIDATS DÉJÀ RÉCEPTIFS AU CHANGEMENT

« Les entreprises d’aujourd’hui doivent prôner une ouverture au changement, un lâcher-prise sur les évènements incontrôlables et une proactivité dans le rebond.

On ne sait pas toujours quelle sera la réponse au problème rencontré, mais la conviction qu’on finira par trouver une solution détermine bien souvent l’attitude et, en bout de course, la réussite ou l’échec à cette aspérité dans le parcours. Cela est facile à dire… et à lire. Or modeler des valeurs au sein d’une organisation est un casse-tête bien délicat.

Comme le mentionnent Robbins, Judge et Tran (2018)1, recruter des candidats dotés de traits de personnalité réunissant l’attitude et le comportement recherchés par l’entreprise, notamment l’ouverture au changement, peut être une solution envisageable et pérenne.

Cette solution permet d’avoir, au sein de ses effectifs, un nombre suffisant de personnes qui répondront favorablement à l’annonce de changements, que ceux-ci soient choisis ou subis (par exemple, le confinement lié au COVID-19). »

AU-DELÀ DE LA PERSONNALITÉ, TENIR COMPTE DES APTITUDES INTELLECTUELLES

« Recevoir avec optimisme et ouverture l’annonce d’un changement est un atout majeur. Mais, afin de pouvoir donner du sens à la nouveauté, pour être à l’initiative des changements, la personnalité ne suffit pas.

Il faut en plus savoir s’entourer de personnes inspirantes, réfléchir sans barrière, envisager des points de vue différents du sien, trouver des solutions nouvelles et anticiper les événements (sans devenir devin…).

Que ce soit en situation de crise ou lors d’un changement plus progressif, le manager se doit de donner du sens à cette nouveauté. Il doit lui-même s’approprier les données éparses qu’il détient, identifier là où il manque d’information, cerner les risques liés à cette pénurie et transmettre une vision cohérente à ses équipes, alors que lui-même n’a souvent que des bribes désordonnées à se mettre sous la dent.

Pour sa part, le salarié doit faire preuve de flexibilité cognitive pour comprendre les nouvelles directives, intégrer les nouvelles consignes et apprendre de nouvelles compétences qui lui seront nécessaires pour répondre aux contraintes du changement.

Dans un contexte de crise, comme celle liée au COVID-19, cette capacité à analyser, à comprendre les enjeux et les subtilités d’un environnement complexe ainsi qu’à anticiper le marché déterminera l’aptitude des organisations à rebondir. C’est leur propre résilience qui est en jeu. Dans ce contexte, la capacité d’apprentissage – et son évaluation en amont d’un recrutement – n’aura jamais été aussi cruciale et au coeur de la stratégie d’entreprise. »